Ferme ton livre d'abord!
- bustamenteanais
- 15 oct. 2015
- 2 min de lecture
Peter May connaît la façon de nous plonger dans un polar, comment "créer une ambiance", dans ses livres l'environnement est un personnage à part entière, souvent des lieux isolés ou inhospitaliers.
Dans L'ile du serment, cela confirme sa façon de faire: on part à l'embouchure du Saint Laurent, sur les Iles de la Madeleine, petit archipel à l'entrée du Canada maritime où les habitants vivent principalement de la pêche au homard: vent, pluie, froid!
C'est ici qu'est attendu l'enquêteur Sime McKenzie de Montréal, un flic québécois anglophone mais aussi francophone ceci a son importance! C'est singulier, comme son pays de voir ces personnages qui évoluent entre deux langues, français et anglais, plus rarement les deux en même temps. Et sur un si petit territoire comme les Iles de la Madeleine de voir se cotoyer ces deux langues et rarement se mélanger, c'est quelque chose qui m'épate encore, et la solution est sans doute plus simple que je ne le crois...
Mais sur ces îles où aucun crime n'a jamais été commis on a retrouvé un corps, celui de James Cowell l'homme le plus riche de l'île, et tout simplement c'est sa femme qu'on accuse alors qu'elle s'apprêtait à divorecer... Cette femme qui a décidé de ne jamais quitter les îles...
C'est alors qu'on bascule dans toute l'histoire des immigrants, un autre récit, une autre époque: celle des Ecossais si chers à Peter May, qui ont traversé l'Atlantique, et qui tout naturellement ou géographiquement ont heurté les Iles de la Madeleine.
On se laisse emporter par ce pavé et deux époques, quel est le lien entre cette enquête, cette femme singulière, et l'Ecosse en famine du milieu du XIXe siècle?
De cette lecture beaucoup de plaisir, découvrir d'une autre façon la particularité linguistique du Canada, tout un pan de son immigration: ses grands flux et ses peuples, la grande histoire émouvante de ce pays, car oui je trouve émouvante cette traversée de l'Atlantique, en particulier quand le confort des compagnies aériennes n'existait pas...
Même si la fin reste plutôt previsible et quelques raccourcis un peu trop simples, pour moi c'était une première lecture de cet auteur, et depuis j'ai continué!
"C'est notre héritage, notre culture. Et quand on est minoritaire, on a tendance à protéger ces choses-là, à les entretenir, à les défendre. Comme la minorité française au Canada."
Rouergue noir

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